Il était une fois un riche marchand, nommé Hussein, qui entreprit un long voyage à travers l'Arabie

pour vendre et acheter toutes sortes d'objets .

Après plusieurs mois, il décida de rentrer enfin chez lui.


Sur la route du retour, Hussein traversa un pays désert et aride...


Pendant trois jours, il ne croisa aucune âme qui vive. Quand, soudain, il vit une oasis qui se détachait au

loin. Fatigué, il pressa sa monture pour pour y parvenir avant la nuit. Là, il s’arrêta près d'un puits et

s'installa pour bivouaquer. Il fit un petit feu et mangea quelque dattes, dont il jeta les noyaux.

Immédiatement, un génie à la terrible apparence lui apparut...

Il était immense, complètement rouge,et flottait dans les airs.Son visage exprimait une fureur terrifiante.

"Tu as tué mon enfant! ", vociféra-t-il.

"Ce n'est pas possible, je n'ai vu personne!"

répondit , stupéfait, le marchand.

Le génie l'empoigna et le jeta au loin.

"Tu l'as tué, je te dis... Un de tes noyaux de datte lui a transpercé l’œil, et il en est mort !"

Le marchand, complètement sonné, demanda pardon, implora la clémence du génie qui s'approchait 

pour le tuer. Se sentant perdu, le marchand accepta son sort, non sans demander un report de son 

exécution.

"Un an, je te demande un an pour régler mes affaires. Après quoi, je reviendrai pour recevoir mon châtiment."

Le génie lui accorda ce délai.

"Mais attention, le prévint-il, si tu ne reviens pas, je viendrai moi-même te tuer et exterminer toute ta famille..."

Le pacte conclu, le marchand reprit aussitôt la route...

Deux semaines plus tard, le marchand rentra enfin chez lui. Il informa sa famille de sa terrible 

mésaventure et commença à régler ses affaires.Il donna ses commerces à ses fils, des aumônes 

aux pauvres, et mit son épouse à l'abri du besoin.

Quelques semaines avant la date fatidique, il reprit la route vers son mortel destin...

Contrairement au voyage précédent, le marchand était profondément malheureux. Il aurait aimé 

s'enfuir très loin, au-delà de l'Arabie, traverser les mers et les océans, découvrir des contrées inconnues.

Mais il se rappelait la promesse de génie, qui exterminerait toute sa famille s'il ne tenait pas parole.

C'est donc la mort dans l’âme qu'il chevaucha jusqu'au lieu de rendez-vous...

Lorsqu'il atteignait enfin l'oasis, il y vit trois vieillards. Le premier tenait par une corde une gazelle,

le second était suivi de deux chiennes noires, le troisième d'une mule. Hussein les salua et leur raconta

sa mésaventure.


Tout à coup, le génie apparut...


Il s’apprêtait à châtier le marchand quand les trois vieillards le supplièrent de lui raconter chacun leur 

histoire. Intrigué, le génie accepta et promit de pardonner à Hussein le tiers de son crime pour chaque

histoire entendue, si celle-ci le surprenait.


Le vieillard à la gazelle raconta son histoire...


Sa femme n'ayant pu lui donner d'enfant, il avait épousé une servante dont il eut un fils. Un jour, 

alors qu'il avait entrepris un long voyage pour ses affaires, sa première épouse, jalouse de son bonheur 

usa de magie pour transformer son fils en veau, et son épouse en vache. Et à son retour, pour dissimuler

son forfait, elle lui annonça leur décès.

A l'occasion d'une fête, il commanda une vache pour l'égorger. Mais les larmes de l'animal le

 dissuadèrent de le faire lui-même. Il chargea donc un fermier de la besogne. A leur grande surprise,

l'animal n'avait ni chair, ni graisse sous la peau...

Il commanda donc un veau au même fermier. L'animal, voyant le couteau, fut pris de sanglots. 

Ému, l'homme demanda de ne pas l'égorger et choisit une autre vache. La fille du fermier, qui pratiquait

la magie, avait assisté à la scène. Elle comprit aussitôt que la vache et le veau n'étaient pas réellement

des animaux.

Elle en fit part à son père et au marchand. Elle ajouta qu'avec un peu d'eau et certaines herbes, elle 

pouvait leur rendre leur forme originale, ce qu'elle fit. Qu'elle ne fut pas la surprise du marchand de

 retrouver son fils et sa seconde épouse!

Furieux d'avoir été trompé, il demanda à la jeune fille, qu'il maria à son fils, de transformer sa première

épouse en gazelle.

Le génie reconnut que l'histoire était fort extraordinaire et pardonna d'un tiers au marchand. Après 

quoi, vint le tour du vieillard aux deux chiennes...

Il raconta qu'à la mort de son père, ses deux frères et lui reçurent chacun mille dinars. Avec cet argent, 

ses deux frères partirent pour l'étranger, en quête de fortune, tandis que lui fit fructifier son pécule.

Ses frères revinrent bientôt ruinés; il les accueillit et remit à chacun mille dinars tirés de ses bénéfices.

Six années passèrent...


Six années pendant lesquelles ses frères gaspillèrent à nouveau leur argent, tandis que lui continuait

à faire prospérer le sien. Alors, ses frères le supplièrent de partir avec eux en voyage pour faire fortune.

Pour leur faire plaisir, il accepta...

Mais avant, il cacha trois mille dinars dans sa demeure, en donna mille à chacun de ses frères et s'en 

réserva mille autres. Puis, ils affrétèrent ensemble un bateau et partirent. Dans un port, ils firent de très

bonnes affaires et rencontrèrent une fée déguisé en pauvre femme.

Il en tomba follement amoureux, et l'épousa. Sur le chemin du retour, ses frères, jaloux de sa chance ,

le jetèrent ainsi que sa femme à la mer. Mais grâce aux pouvoir magique de la fée, tous deux furent

sauvés des eaux. Pour se venger, la fée transforma les frères de son époux en chiennes noires pour dix

années. Puis elle partit, en promettent à son mari qu'il la reverrait après la fin du sort, à l'endroit même

où se trouvait le génie.

Le génie reconnut que l'histoire était fort extraordinaire et pardonna d'un tiers au marchand. Après quoi,

vint le tour du vieillard et de sa mule...

C'était un honnête marchand qui faisait du négoce d'encens. Il voyageait donc très souvent pour les

besoins de son commerce et pour satisfaire à tous les caprices de sa jeune épouse, avide d'argent et 

d'or. Un jour, alors qu'il rentrait d'un long voyage, sa femme fut très mécontente du fruit de ses ventes.

Elle commença à crier et à l'insulter. Le marchand lui demanda de quitter sa maison.

Mais la jeune épouse n'entendait pas se laisser évincer ainsi..

Furieuse, elle aspergea son mari d'une eau magique qui le transforma immédiatement en chien.

Puis, à grands coups de bâton, elle le flanqua dehors.

Il erra dans des rues froides et se fit attaquer par une meute de chiens. Sans l'intervention du boucher

de la ville, il serait certainement mort. Le boucher était un homme gentil qui lui servit une gamelle. 

Alors, chaque jour il attendait le brave homme et le suivait partout.

Jusqu'au jour où il arriva à se faufiler dans sa maison. Là, il croisa la fille du boucher, qui reconnut 

en lui un homme ensorcelé. Elle l'aspergea alors d'une eau magique qui lui rendit son apparence.

Heureux, le marchand lui demanda sa main et l'épousa.

Mais sa joie n'arrivait pas à lui faire oublier la méchanceté de sa première épouse dont il craignait 

maintenant la magie.

Le génie reconnut que l'histoire était fort extraordinaire et pardonna du dernier tiers au marchand.

Ainsi, le marchand, grâce aux trois histoires extraordinaires des vieillards, eut la vie sauve.

Il les remercia chaleureusement, salua respectueusement le génie et rentra chez lui où il fut accueilli

avec beaucoup de joie.

Alors, pour être tout à fait tranquille, il demanda à celle qui l'avait sauvé de lui verser une rasade de

potion dans une fiole. Puis, il rentra chez lui. Surprise, sa femme voulut immédiatement l'ensorceler

de nouveau.

Mais, le marchand réussit à l'asperger de sa potion et la femme fut aussitôt transformée en mule.